JE VIENS DE COMPRENDRE...
Églantine surveille le héron car elle a peur de finir en
sandwich ! (lire la poésie de la page précédente). :-)
Pauvre Églantine, si seulement elle savait que ce héron
n'est pas vivant. Bref, c'est son problème pas le mien.
Avec le confinement de la Covid, mon chéri et moi sommes
attaqués en 2020 à la peinture du cabanon de jardin.
Quel changement ! Il était en bois brun, bien terne.
Il a retrouvé une certaine jeunesse.
LE HÉRON
Jean de La Fontaine
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où
Le héron au long bec emmanché d'un long cou :
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord ; l'oiseau n'avait qu'à prendre.
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit :
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau,
S'approchant du bord, vit sur l'eau
Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas, il s'attendait à mieux,
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
Moi, des tanches ! dit-il ; moi, héron, que je fasse
Une si pauvre chère ! Et pour qui me prend-on ?
La tanche rebutée, il trouva du goujon.
Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un héron !
J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux dieux ne plaise !
Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit : il fut tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner,
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris. Ce n'est pas aux hérons
Que je parle : écoutez, humains, un autre conte :
Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.
Jean de La Fontaine, Fables, Bernardin-Bechet, 1874
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