Poème du mois, juillet 2003

Combien plus belle nous semble la beauté, Sous le doux ornement que lui confère la loyauté ! Gracieuse est la rose, mais plus gracieuse encore nous paraît-elle Avec la douce senteur qui se trouve en elle. Les églantines ont une coloration aussi profonde Que celle, parfumée, dont les roses abondent, Elles ont autant d'épines et prennent d'aussi folles poses Quand, au souffle de l'été, leurs boutons se déclosent: Mais toute leur vertu n'étant que pure apparence, Nul ne les courtise; elles se fanent dans l'indifférence, Puis elles meurent ignorées. Ce n'est pas le cas de ces roses si douces Que leurs douces morts font des parfums encore plus doux; Ainsi de vous, primevère de charme et de beauté, Quand vous vous fanerez, des vers distilleront ta loyauté.

William Shakespeare (1564-1616)

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