Ma Vallée
Verte, aux ruisseaux clairs, était ma vallée,
et ses chansons douces, dans les veillées...
Elles montaient jusqu'à l'arche étoilée
par les mains de l'Artisan dévoilée.
Blanche dans sa robe était ma vallée,
Reine en ses sabots, tout émerveillée.
Toute frémissante sous la gelée,
par l'Astre du jour était épousée !
Triste, aux croix dressées, était ma vallée,
de chansons de deuils elle était hantée,
ces chants de mères en deuil, toutes fanées,
chair de leur chair, en terre déposée !
Chaude sous l’azur était ma vallée,
elle se levait tout ensoleillée,
dans le matin clair tout éclaboussée,
la biche aux aguets venait à l'orée.
Claire, sous ses toits, était ma vallée,
des petits et grands, mêmes vies liées,
prunelles pures du ciel habitées,
toutes de lumière étaient éclairées !
Belle, en l'écrin vert, était ma vallée,
de ses hauts sapins et chênes ornée.
Dans les buissons, nos mains de fruits tachées,
perle d'or cachée, de tous ignorée !
Pourpre en son couchant était ma vallée,
par la main de Dieu, si belle parée !
Je serais restée des heures oubliées,
dans ses plaines perdue, où j'étais née !
Douce en nos printemps, était ma vallée,
tendre la mousse des prairies diaprées,
dessinant l'été les moissons dorées.
Je l'aime encor d'une âme passionnée !
Riche de l'Amour, était ma vallée,
de berceuses lentes aux âmes gravées,
de chansons au vent, vite éparpillées,
quand j'ai dû partir, au coeur m'est restée !
Soir sur chaque vie, était ma vallée,
quand nous rentrions, lourdes de brassées !
Dans le silence, secrètes pensées,
Avant que la nuit les ait enlacée.
De joie éclatante était ma vallée,
Quand sonnait la cloche à toute volée.
Par les vents les routes étaient balayées
laissant s'envoler les jeunes mariées !
Cachée dans mon coeur reste ma vallée,
Témoin bienveillant de mes échappées,
Que de choses à dire près des cheminées,
Silences aussi des vies apaisées...
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